Nancy par la route de Lunéville, quelques-uns se traînant à pied, la plupart montés sur des voitures de campagne, tous délabrés, couverts de boue et presque sans armes. En passant devant l’église ils se découvraient respectueusement, et cette simple démonstration qui associait la foule et l’armée dans la même prière, ajoutait encore à l’effet de cette scène solennelle.
Le soir, au chemin de fer, dernier départ du dernier train. Il semble à voir l’empressement et l’effarement des fuyards que l’on soit menacé d’un nouveau déluge, et que ce train suprême soit l’arche de Noé, hors de laquelle il n’y a pas de salut. Dès qu’il eut disparu, je vis plus d’un employé de la gare prendre un air de satisfaction en pensant au repos dont ils vont jouir, après les fatigues de l’infernal service qu’ils font depuis près d’un mois. Cette nuit on doit faire évacuer tout le matériel sur Frouard, et couper la voie au-dessous de Nancy. Ainsi le gouvernement renonce à nous défendre, et nous allons devenir la part du feu.
VENDREDI 12 AOÛT.
Ce matin l’aspect de Nancy a quelque chose de lugubre et de désolé. Ses larges rues sont désertes