Aller au contenu

Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
vendredi 12 août. — 1870.

nous les uns contre les autres. Laissez-moi compter sur votre dévouement, comme vous pouvez compter sur le mien.

» Le maire de la ville de Nancy, Ch. Welche. »

Cette proclamation explique et justifie la conduite de tout le monde. Agir autrement, dans le complet abandon où se trouve Nancy, en face d’une armée de deux cent mille hommes, ce serait un acte de démence. Il n’y aurait que des fous pour le faire, et des sots pour reprocher qu’on ne l’ait pas fait. Au reste, c’est l’attitude et le langage de tous ceux qui se trouvent en pareille aventure. Dès le 27 juillet, le maire de Wissembourg, ville ouverte, où les Prussiens venaient d’entrer sans coup férir, recommandait le calme et l’abstention à ses administrés, parce que, disait-il : « notre ville qui est sans armes et sans munitions ne peut résister à une attaque sérieuse, et que tout acte d’agression ne pourrait que provoquer les représailles de l’armée ennemie. »

Ce sont les Prussiens qui ont complété l’œuvre de notre isolement. Le soir, après leur dîner, ils sont entrés par pelotons dans la ville, et s’y sont promenés en chantant insolemment des chants de triomphe. Un de ces pelotons a galopé vers la gare pour en prendre possession. Ils ont fait enlever par des ouvriers requis les rails de la voie jusqu’à Maxéville, qu’ils ont jetés dans le canal, et ils ont fait abattre les poteaux télégraphiques.