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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/89

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mercredi 17 août. — 1870.

leur visite. Tous, nous nous attendons à voir nos demeures envahies, et chacun reste à son poste, c’est-à-dire chez soi, pour recevoir les hôtes qu’il lui faudra subir. Le premier qui m’est assigné est un officier bavarois à figure ouverte et joviale qui, après le salut, se hâte de me dire, comme pour me réconcilier avec sa présence, qu’il n’est pas un combattant, nicht ein Krieger. C’est en effet le vétérinaire d’un régiment d’artillerie. Malgré cette avance, je ne peux me résoudre à le faire manger avec moi, et je l’envoie dîner à l’hôtel en lui mettant dans la main trois francs qu’il accepte sans la moindre difficulté. L’instant d’après arrivent quatre soldats également munis de billets de logement à mon adresse. Impossible de leur donner même le logement dans mon domicile. C’est donc deux francs qu’il faut encore donner à chacun pour les envoyer manger et coucher à l’auberge. Voilà une journée qui me coûte cher et qui, malheureusement, sera suivie de bien d’autres qui lui ressembleront. Encore si l’on était sûr qu’on n’en aura pas de pires à traverser !


MERCREDI 17 AOÛT.

Le vétérinaire Hugo Giel. — Une victime résignée. — Occupation militaire de la ville. — Menus propos sur la situation. — Illusions, mauvaises nouvelles.

Mon vétérinaire bavarois a été irréprochable. Hier, il est rentré à 10 heures, et il n’a demandé