dant le jeune homme avec une profonde admiration. Et dire que fort probablement dans quelques années, plus rien ne restera de tout ce charme de jeunesse et de vérité.
C’est dommage ! soupira dans le secret de sa pensée l’expérience du vieux monsieur. Bah ! ajouta-t-il philosophiquement, quoi qu’en disent les sages et les érudits, l’expérience avec les années ne vaut pas ce qu’elles détruisent. Je préférerais à toute science acquise mes dents et mes illusions.
Profitant du moment de repos imposé par la fatigue, Mme Malsauge, tout en causant, posait une foule de questions avec cette adorable indiscrétion qu’une femme du monde sait envelopper de tant de charme qu’on ne peut lui en vouloir.
Étienne avec sa droiture n’était pas de force à lutter avec le savoir-faire de Mme Malsauge, qui, en cela, fut fort intelligemment secondée par M. de Ferrettes, dont Étienne avait gagné toute la sympathie et qui, sachant que pour aider les gens à propos il faut les connaître à fond, étudiait le jeune homme de tout son cœur.
Il sut bientôt que M. Jussieux était à peu près à moitié chemin de son diplôme de docteur en droit ; malgré la réserve du jeune homme, il devina à peu de chose près sa position.
Dès ce moment et sans qu’il s’en doutât, Étienne eut dans le parent de Mme Malsauge un ami et un protecteur, qui n’étaient ni l’un ni l’autre à dédaigner.
Mme Malsauge, de son côté, ne pouvant s’expliquer autrement que par son amour de la protection, l’attrait qu’Étienne avait pour elle, se disait qu’il était fort beau