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LA PERLE DE CANDELAIR

même à vingt ans, cette valeur et cette force. Quoique la chose ne fût pas flatteuse, il s’avoua tout bas qu’il était resté fort loin en arrière de cette beauté morale.

Pour se consoler, il ajouta très philosophiquement : « Cela tient probablement à l’air des montagnes que respire ce garçon depuis qu’il est au monde. »

Mme Malsauge était, à son tour, sous le charme ; toute fière d’avoir deviné cette nature droite, elle s’absolvait, en toute conscience, d’avoir fait les premiers pas vers le jeune homme. La sympathie d’Étienne lui devenait d’autant plus précieuse, qu’elle avait plus d’orgueil de la lui avoir inspirée.

Étienne, en voyant son chien le quitter, chaque soir, en face du même passage, éprouvait comme un remords de sa dureté vis-à-vis de Mariette. Il sentait qu’il contractait une dette de cœur envers la pauvre enfant qui, malgré les marques constantes de son indifférence, soignait, avec une affectueuse persévérance, la bête qu’il aimait.

Bientôt même, l’orage allant grandissant à l’auberge, Lou Pitiou après avoir reçu la table, avait bravement pris, et de lui-même, le logement chez le portefaix, ce qui ne l’empêchait pas, tant l’habitude est difficile à rompre entièrement, d’aller, de temps à autre, s’assurer de l’état des choses, mais de loin, prudemment, en chien dont l’échine a payé l’expérience.

Quand il avait flairé l’air de malveillance qui régnait par là, il détalait bravement, fidèle à son principe, et allait attendre son ami sur la route.

L’aubergiste, après maintes et maintes consultations, sut à quoi s’en tenir sur le peu de valeur de ses préten-