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LA PERLE DE CANDELAIR

traire, je soutiendrai que la volonté est un levier puissant auquel rien ne résiste.

— La volonté, madame, dit Étienne, qui avait trop longtemps souffert de cette force active enfermée en lui pour laisser parler la jeune femme sans lui répondre, la volonté est une arme terrible qui soulève peu de chose, quelque grande qu’elle soit, mais blesse à coup sûr tous ceux qui s’en servent, tous ceux qui ont eu en sa puissance une trop large foi.

J’ai trop voulu, madame, pour avoir encore la force de porter, une volonté quelconque.

— Enfant, dit Mme Hélène en levant légèrement ses belles épaules, vous ne savez rien du monde !

— Peut-être, madame, répondit-il à son tour ; mais je crois savoir beaucoup trop de la vie et de moi-même.

— Qu’est-ce que la vie ? rêveur ! dit la jeune femme du même ton léger. — C’est le monde, ce sont les relations qui la font belle ou laide, facile ou impossible. — Je suis bien plus habile et bien autrement savante que vous, moi qui sais mon monde sur le bout du doigt, lorsque vous n’en connaissez pas le premier mot.

Voyons, poursuivit-elle, vous ne pouvez pas toujours rester dans la montagne. — Il n’y a pas toujours des fleurs et on n’a pas toujours vingt ans !

— Hélas ! reprit Étienne avec un beau sourire plein de tristesse, c’est bien dommage ! Ne trouvez-vous pas, madame ?

― Il n’est pas question de ce que je trouve ou de ce que je ne trouve pas ; il est question de vous, que je voudrais voir plus raisonnable.

— Parlons donc raison, madame, puisque vous le