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LA PERLE DE CANDELAIR

aux mousses du roc qui s’en étaient pénétrées, — c’eût été une profanation qu’il ne pouvait permettre.

Mais à peine eut-il prononcé son refus brutal qui partait néanmoins d’une âme essentiellement délicate, qu’il fut ramené à lui par l’expression chagrine que revêtit le charmant visage de la pauvre Mariette.

Deux larmes roulaient lentement sur ses joues que la douleur et la honte venaient d’empourprer. C’était triste, en effet, et presque humiliant d’avoir fait une si belle toilette, de si douces avances pour être ainsi reçue.

À peine eut-il vu les larmes de la jeune fille, qu’il la prit dans ses bras, comme un enfant auquel on vient de faire un gros chagrin, alors qu’on n’en avait pas l’intention. Il la pressa tendrement sur sa poitrine, chercha la trace de ses larmes pour les effacer sous ses lèvres, en lui disant :

— Ma chère Mariette, pardonnez-moi de vous avoir fait pleurer, aimez-moi malgré que j’aie été méchant, bien sans le vouloir, je vous assure, et quoique mon cœur n’y soit pour rien. Hélas ! vous me donnez toute une belle journée, j’en suis heureux, je ne sais comment vous en remercier, et je vous fais pleurer !

Oh ! Mariette ! je suis donc bien mauvais sans le savoir ; je compte donc bien sur votre amitié, sur toute l’indulgence de votre affection pour moi, que je ne puis pas croire que vous soyez fâchée, malgré qu’en témoignent les larmes que j’ai vu couler.

Les lèvres d’Étienne avaient si bien fait, qu’il ne restait plus sur les joues de la jeune fille, nulle trace de ces pleurs dont il s’accusait.

— Oui, oui, reprit-il, je ne puis croire que vous ne