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LA PERLE DE CANDELAIR

jeune homme, elle se retourna lentement, cherchant de sa bouche brûlante les yeux d’Étienne ; elle les ferma de ses lèvres avec une telle tendresse, que le jeune homme, aussi naïf qu’elle en fait de bonheur, oublia tout, excepté Mariette et le baiser qu’il en recevait.

La belle Mme Malsauge était à cette heure bien loin de sa pensée.

— Il ne travaillera certes jamais pour lui, se disait Mariette, la tristesse avec le dégoût de la vie tueront son esprit, si je ne lui viens en aide. Je le sauverai, à quel prix que ce soit.

La pauvre fille avait résolu de se perdre, s’il le fallait ; mais l’idée de se marchander ne lui était pas un instant venue.

— Ne voulez-vous pas travailler pour moi, lui demanda-t-elle entre deux caresses, pour moi qui vous aime, qui suis à vous ? Ayez le courage d’être un homme, je vous jure que comme vous avez eu mon premier baiser, vous aurez le dernier.

— Pour toi, oui ! s’écria Étienne en l’entourant de ses deux bras, et en la pressant tendrement contre sa poitrine ; mais aime-moi, ne me quitte pas, sauve-moi de mon rêve, ne me laisse plus aller sur la montagne !

— Qu’y a-t-il donc là-haut ? ne put s’empêcher de demander doucement Mariette, chez laquelle la femme reparaissait avec la curiosité.

— La folie, peut-être, murmura Étienne en laissant deux larmes brûlantes couler au travers de ses paupières.

— Tu pleures ! dit-elle en se relevant fièrement ; ta