auprès de M. Malsauge. Souvenez-vous de mes recommandations.
Le vieillard s’achemina vers la porte. Étienne encore étourdi de cette position qui lui tombait ainsi sans crier gare, le suivait en tâchant de mettre un peu d’ordre dans ses esprits.
Ce qui l’avait le plus frappé, bien qu’il ne s’en fût pas rendu compte, ce qui avait exercé le plus d’empire sur lui, c’était le souvenir de Mme Malsauge, dont l’image lui apparaissait plus triomphante que jamais.
Il sentait d’instinct, sans que sa raison y fût pour rien, qu’elle ne pouvait pas être étrangère à tout ce qui lui arrivait depuis quelques instants, et il lui adressait des actions de grâces comme ces fervents qui, loin de l’autel, portent, gravée au plus profond de leur âme, l’image de leur Dieu, devant laquelle leur esprit vit dans une éternelle oraison d’amour et d’adoration.
La figure radieuse de la jeune femme s’était de nouveau emparée de tout son être, il ne voyait plus autre chose que la perspective de partir avec elle pour Paris, cette ville où les songes d’or ont tous leur réalité.
Qu’était le bonheur donné par Mariette comparé à un pareil enivrement ! Qu’était la joie d’un amour frais, jeune, heureux et partagé à côté des chers tourments et des fièvres folles que lui donnait l’exaltation de sa pensée !
Quelles sublimes douleurs que ces douleurs de vingt ans, dont on ne veut pas guérir, dont parfois même on ne veut pas être soulagé ! À cet âge tout est radieux et beau, surtout les souffrances d’amour, dont on porte