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LA PERLE DE CANDELAIR

— Voyons, conte-moi un peu ton rêve, Mariette, reprit Étienne ; à nous deux nous en viendrons peut-être à bout.

— J’en viendrai bien à bout toute seule, soyez tranquille, répondit la fière enfant en relevant crânement sa tête mignonne, comme pour faire face à la lutte et au travail qu’elle entrevoyait.

— C’est ainsi que tu veux que je travaille pour nous deux, dit Étienne d’un air fâché. Tu désires donc que je reprenne ma vie sur la montagne, mes caprices et la fièvre que j’allais y chercher chaque jour ?

— Oh ! non, pour rien au monde, pria Mariette en joignant les mains.

Étienne prit alors les deux petites mains jointes entre les siennes, et lui dit :

— Allons, dis-moi ton rêve, et laisse-moi le maître de faire selon mon bon plaisir. Tiens, je sens que je t’aime moins quand tu veux, au lieu de me laisser vouloir tout seul.

Mariette le regarda, lui sourit, et dit d’une voix timide.

— Je voudrais avoir une belle et grande chambre sur les Fossés. Comme j’ai la réputation d’être la plus habite ouvrière de la ville, j’aurais toujours de l’ouvrage, même en restant chez moi. J’en aurais même beaucoup plus que je n’en pourrais faire ; alors je prendrais à mon tour des ouvrières. J’aurais un atelier.

— Et puis ?… demanda Étienne.

— Et puis, continua-t-elle, comme je serais chez moi, vous pourriez venir me voir si vous vouliez.

— Et encore ? reprit Étienne.