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Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/292

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LA PERLE DE CANDELAIR

vieillard qui l’a hautement et chaudement patronné, pendant que M. Malsauge, à titre de ministre, étendait aussi sur lui la haute bienveillance du gouvernement.

Tout cela joint à ce que M. Jussieux était par lui-même un homme intelligent, distingué et sympathique, fit une assez grande force, dont il sortit pour Étienne une place à la Chambre des députés.

Ce n’était plus le petit Étienne, qui en était réduit à se contenter de son vêtement de velours, même pour aller porter un bouquet en plein théâtre, à la dame de ses pensées.

Ce n’était plus le pauvre garçon qui devait, faute de pouvoir faire autrement, laisser à Mariette le soin de nourrir et de loger son seul et modeste ami, le brave chien, qui n’avait pas droit à une lampée chez son maître réel.

Les choses ont bien changé de face, et Mme Daubrée, malgré sa naïve modestie et son entière humilité vis-à-vis de son frère, n’oserait probablement pas imposer à son petit-fils l’abnégation quotidienne, méticuleuse, qu’elle lui demandait autrefois vis-à-vis du grand homme de la famille ; car c’est un personnage maintenant, M. le député ; son temps est précieux, ses heures sont courtes, et il a même fait litière, à son présent, d’une part de son cher passé.

L’oubli a pris la dîme des promesses faites à Mariette, bien peu ont été tenues ; car ses lettres ont été rares, plus rares encore ses visites, qui ne devaient jamais laisser plus de douze mois entre chacune d’elles.

Pourtant l’ouvrière n’a point été oubliée tout à fait : de temps à autre, un mot est allé lui dire que le passé