Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

et je commençais à craindre que la Chambre ne vînt vous empêcher de vous rendre chez moi, car il est presque l’heure d’y aller.

— Vous savez bien que rien ne peut m’empêcher de venir, lui dit-il d’une voix affectueuse qui ne sut pas désarmer Mme Hélène, car elle reprit :

— Je ne sais rien du tout de semblable, je vous assure.

— Voyons, ma bien chère Hélène, continua M. Jussieux, qu’avez-vous contre moi ce matin pour que votre parole soit amère et pour que vos regards se détournent de votre ami, comme s’il avait démérité de votre précieuse affection ?

— Ah ! vous le savez bien, vous le savez bien mieux que moi, car je suis dans cette situation terrible où tout me cacher est facile, et où je ne puis ouvertement ni souffrir pour vous, n’y m’opposer à ce qu’il vous plaira faire à l’encontre de ma volonté ou de mon bonheur.

— Chère, calmez-vous, de grâce, par affection pour moi, qui ne saurais vous voir vous affliger sans en souffrir beaucoup ; et, dites-moi, là, bien tranquillement, ce que vous croyez avoir à me reprocher.

— Comme vous êtes calme ! dit-elle, sans lui répondre autrement.

— Si je ne l’étais pas, vous m’en feriez un crime, et vous auriez raison.

Mme Hélène se retint pour ne pas lui dire qu’il était dans l’erreur, et qu’elle regrettait fort le temps éloigné où il n’était ni si calme ni si tranquille à ses côtés ; mais elle reprit :

— D’abord, vous m’avez fait attendre.