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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

que je suis l’homme que vous avez voulu que je sois, il me semble que vous avez mauvaise grâce à me le reprocher et que, tout au moins, cela n’est pas généreux de votre part.

— Ah ! que vous êtes habile à m’accuser de rigueurs et de sévérités lointaines qui, vous l’avez bien compris vous-même, étaient tristement nécessaires alors pour vous faire connaître un monde tout nouveau, au milieu duquel vous alliez vivre, et pour vous mettre en défiance de ce même monde, qu’il faut dominer si l’on ne veut pas être broyé par lui.

— Alors, Hélène, ne recourez pas à ce même passé pour établir des comparaisons au désavantage de l’heure présente, et ne m’imputez pas à crime d’être ce que vous m’avez fait : un homme raisonnable, raisonnable pour vous, pour lui, et qui serait désespéré de vous faire un chagrin réel, mais qui ne voudrait pas non plus que vous vous en fassiez d’imaginaire.

— Toujours la raison maintenant, pensait Mme Malsauge.

— Oui, ma chère Hélène, je vous aime beaucoup, mais je vous aime comme un homme sensé peut et doit le faire. Autrefois j’étais un fou, un grand enfant sans raison et sans savoir vivre ; vous me l’avez souvent démontré, souvent prouvé, et je ne voudrais pas vous voir regretter un temps qui est bien loin, si loin, chère, que rien ne saurait le faire revenir ; puis vous me gronderiez encore, à coup sûr, si tout à coup vous me retrouviez là, près de vous, aussi mal appris que je l’étais dans le passé.

Mme Hélène venait d’être atteinte au cœur ; mais plus