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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

Quand elle eut fini sa lecture et son étude, elle replia doucement la lettre, la remit avec une mesure calme dans son enveloppe et la tendit au jeune homme, par un geste gracieux et souple, en lui disant :

— Voilà une maladie qui arrive bien mal à propos.

— N’est-ce pas ? s’écria Étienne.

— Bon ! je suis dans le courant, pensa Mme Hélène, qui continua sans changer le ton, et je ne vois pas, malgré tout le respect que l’on doit à sa famille, respect dont il n’est permis de s’écarter en aucune occasion, qu’il vous soit possible de vous rendre à ce juste et très-sentimental désir.

— Hélas ! soupira le jeune homme, qui ne demandait qu’à être encouragé dans sa résistance.

— Mon Dieu, mon ami, dit Mme Malsauge, votre grand’mère a pour vous une tendresse sans bornes, ceci est incontestable, une amitié sans pareille, un amour de grand’mère à petit-fils, cela est tout dire. À la moindre faiblesse qui lui sera survenue, elle aura eu le désir bien naturel de vous voir, elle vous aura fait mander en toute hâte. D’un autre côté, vous savez comme moi ; non, bien mieux que moi, de quel chagrin elle serait assaillie si elle pouvait savoir le tort immense et le grand préjudice que votre absence momentanée porterait à votre situation et à votre avenir.

Elle s’en voudrait beaucoup, j’en suis sûre, d’être la cause de ce dommage.

— À coup sûr, elle m’aime tant, la brave femme, reprit Étienne.

— Quand on affectionne sérieusement quelqu’un, mon ami, ajouta Mme Malsauge d’un air mystique, tout