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LA PERLE DE CANDELAIR

avaient si tendrement causé à leur première visite à Fraîche-Fontaine.

Avec quel bonheur il contemplait cette chère et charmante Mariette, la seule de ses affections, le seul des amours de sa vie qui ne lui eût jamais fait de peine et qui n’eût point jeté d’ombre sur les heures écoulées.

Alors, enivré, entraîné, il appuie ses lèvres sur les beaux yeux noirs de la jeune fille, sur ces yeux qui ont toujours pour lui le même regard tendre et caressant, de ses yeux il fait descendre ses lèvres à son cou, et il les y appuie longuement en laissant peser sa tête de tout le poids de ses lourdes pensées, sur ce cou charmant…

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Hélas ! son cœur n’a pas bondi, son cœur n’a pas même eu l’émotion passagère que tout homme de son âge aurait éprouvée en embrassant, ainsi qu’il le faisait, une jolie fille qui s’y prêtait de la meilleure grâce du monde.

Ses lèvres n’ont pas eu la moindre sensation ; ses beaux yeux, cette peau fine, jeune et fraîche ne les ont pas fait tressaillir.

C’est donc fini, mais bien fini, à toujours ; l’âme est morte en lui, le cœur ne vit plus, le cœur ne peut plus vivre !

Il est arrivé, bien jeune encore par son âge, à cette vieillesse de l’esprit et des sens, qui n’atteint que les vieillards à leurs dernières heures de décrépitude.

Paris lui a gâté Candelair !

Mme Malsauge lui a gâté Mariette.

Mais aussi combien Mariette l’a rendu clairvoyant et sévère dans ses jugements sur les grandes dames.