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LES CHANSONS D’AVRIL


Ma foi connaît le doute : il a terni sa flamme.
Près de jeunes amours, j’ai de vieilles douleurs ;
Aussi, quand je marie ou groupe mes couleurs,
Un fil noir, malgré moi, se glisse dans la trame.

Avez-vous deviné — car, Poète à l’œil bleu,
Votre chant est profond, sonore, et plein de feu,
A toute noble idée il a donné des ailes… —

Avez-vous deviné qu’ici-bas, à son tour,
Mon rêve a traversé des tristesses réelles,
Et que j’ai d’autres vers que les doux vers d’amour ?


Paris, 19 mai 1850.