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perpétuer ses bienfaits, il acheta treize mille livres la Chartreuse, près de Smithfield, du comte de Suffolck, et la convertit en un hôpital pour les pauvres hommes et les pauvres enfans, qui subsiste sous le nom de Charter House. Il est mort le 11 décembre 1611, et est enterré dans l’église de son hôpital.

SUYDERŒF (Jonas), graveur hollandais, dont on estime surtout l’estampe de la paix de Munster, où il a saisi admirablement le goût de Terburg, auteur du tableau original. Il excellait dans le portrait.

SUZE (Henriette de Coligny, comtesse de la), était fille de Gaspard de Coligny, maréchal de France, et colonel-général de l’infanterie. Elle fut mariée très-jeune à Thomas Hamilton, comte de Hadington, lequel étant mort peu de temps après, elle épousa, en secondes noces, le comte de la Suze, de la maison des comtes de Champagne. Ils étaient l’un et l’autre protestans. La jalousie du comte et leur désunion firent prendre à madame de la Suze la résolution d’abjurer le calvinisme, et ensuite de faire casser son mariage par arrêt du parlement ; ce qui fit dire à Christine, reine de Suède, que « la comtesse de la Suze s’était faite catholique pour ne voir son mari ni en ce monde ni en l’autre. » Elle donna 25 mille écus au comte pour le faire consentir à la cassation de son mariage, sur quoi quelqu’un dit plaisamment « qu’elle avait perdu 50 mille écus dans cette affaire, parce que, si elle avait encore attendu quelque temps, son mari lui aurait donné 25 mille écus pour se débarrasser d’elle. » Après cet accord, le parlement rendit un arrêt qui déclara le mariage nul. Quand elle se vit en liberté, elle ne s’occupa plus qu’à faire des vers, et elle y réussit. Ses poésies sont tendres et délicates, et remplies d’esprit. Elle excelle surtout dans l’élégie. Madame de la Suze mourut à Paris le 10 mars 1673. Ses œuvres parurent en 1684, en 2 vol. in-12. On les réimprima avec plusieurs pièces de M. Pélisson et quelques autres, en 1695 et en 1725, en 4 vol. in-12. On y en joint un cinquieme, qui contient le Voyage de Rachaumont, les Visionnaires, etc. Les beaux esprits de son temps firent des vers à sa louange. On estime surtout les suivans, qu’on attribue à M. de Fieubert on au père Boubours, dans lesquels on lui donne la noblesse de Junon, l’esprit de Minerve, et la beauté de Vénus.

Quæ dea sublimi vehitur per inanis curru
An Juno, an Pallas, an Venus ipsa venit ?
Si genus inspicias, Juno, si scripta, Minerva ;
Si spectes oculos, mater Ameris erit.

SWAMMERDAM (Jean), célèbre et savant médecin d’Amsterdam au 17e siècle, dont on a un Traité sur la respiration et l’usage des poumons, Leyde, 1738, in-8o ; un autre De fabricâ uteri muliebris, 1679, in-4o ; une Histoire générale des insectes, et plusieurs autres ouvrages généralement estimés. M. Boerrhaave a écrit sa Vie à la tête de son Histoire des insectes, Leyde, 1737, 2 vol. in-fol., figures.

SWEDENBORG (Emmanuel), naquit à Stockholm le 29 janvier 1688, de Jesper Swedberg, évêque de Skara. À l’âge de 28 ans il fut nommé assesseur extraordinaire au collège royal des mines, place qu’il préféra à celle de professeur d’Upsal qu’on lui offrait également. Les mathématiques et surtout la mécanique firent ses premières occupations. Il en servit même utilement Charles XII au siège de Fridérichshall ; mais pour se mettre en état de remplir sa charge il parcourut les pays étrangers, en visita les mines, et publia ses observations sous le titre de Prodromus rerum naturalium, Amsterdam, 1721, in-4o, réimprimé en 1727. Il publia encore trois parties de ses Miscellanea circa res minerales à Leipsick ; et une quatrième à Hambourg en 1722. Ces productions n’étaient qu’un essai de son grand ouvrage intitulé Opera philosophica et mineralia, 1734, 3 vol. in-fol., imprimé partie à Dresde, partie à Leipsick. L’académie d’Upsal le mit au nombre de ses membres en 1729, celle de Saint-Pétersbourg en 1734, celle de Berlin, lors de son établissement, se l’attacha comme un de ses premiers membres. La précision qu’il avait portée dans les sciences mathématiques, son esprit ardent la transporta sur l’Être suprême, sur la construction de l’univers, sur la fin de l’homme. Il s’en occupa tellement que, pour n’être pas détourné de