Page:Lafargue - Le Droit à la paresse.djvu/39

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ter de six ou cinq heures par jour, pendant l’année, au lieu de prendre des indigestions de douze heures pendant six mois ? — Assurés de leur part quotidienne de travail, les ouvriers ne se jalouseront plus, ne se battront plus pour s’arracher le travail des mains et le pain de la bouche ; alors, non épuisés de corps et d’esprit, ils commenceront à pratiquer les vertus de la Paresse.

Abêtis par leur vice, les ouvriers n’ont pu s’élever à l’intelligence de ce fait, que, pour avoir du travail pour tous, il fallait le rationner comme l’eau sur un navire en détresse. Cependant des industriels, au nom de l’exploitation capitaliste, ont depuis longtemps demandé une limitation légale de la journée de travail. Devant la commission de 1860 sur l’enseignement professionnel, un des plus grands manufacturiers de l’Alsace, M. Bourcart, de Guebwiller, déclarait : « Que la journée de douze heures était excessive et devait être ramenée à onze, que l’on devait suspendre le travail à deux heures le samedi. Je puis conseiller l’adoption de cette mesure quoiqu’elle paraisse onéreuse à première vue ; nous l’avons expérimentée dans nos établissements industriels depuis quatre ans et nous nous en trouvons bien, et la production moyenne, loin d’avoir diminué, a augmenté. » Dans son étude sur les machines, M. F. Passy, cite la lettre suivante d’un grand industriel belge, M. Ottevaere. « Nos machines, quoique les mêmes que celles des filatures anglaises, ne produisent pas ce qu’elles devraient produire et ce que produiraient ces mêmes machines en Angleterre, quoique les filatures tra-