Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/107

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26. - Le capitaliste étouffe dans son cœur tout sentiment humain, il est sans public, il traite son semblable plus durement, que sa bête de somme. Les hommes, les femmes et les enfants ne lui apparaissent que comme des machi­nes à profit. Il bronze son cœur, pour que ses yeux contemplent les misères des salariés et pour que oreilles entendent leurs cris de rage et de douleur, et ne palpite pas.


27. - Telle une presse hydraulique descend lentement, infailliblement, réduisant au plus mince volume, au plus parfait dessèchement la pulpe soumi­se à son action; tel, pressant et tordant le salarié, le capitaliste extrait le travail que contiennent ses muscles et ses nerfs; chaque goutte de sueur qu’il essore se métamorphose en capital. Quand, usé et épuisé, le salarié ne rend plus sous sa torsion le surtravail qui fabrique de la plus-value, il le jette dans la rue comme les rognures et les balayures des cuisines.


28 - Le capitaliste qui épargne le salarié me trahit et se trahit.


29. - Le capitaliste mercantilise l’homme, la femme et l’enfant, afin que celui qui ne possède ni suif, ni laine, ni marchandise quelconque, ait au moins quelque chose à vendre, sa force musculaire, son intelligence, sa conscience. Pour se transformer en capital, l’homme doit auparavant devenir marchandise.


30 - Je suis le Capital, le maître de l’univers, le capitaliste est mon repré­sentant: devant lui les hommes sont égaux, tous également courbés sous son exploitation, Le manœuvre qui loue sa force, l’ingénieur qui