Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/120

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Or inerte, qui remues l’univers, devant ton éclatante majesté les siècles vivants s’agenouillent et t’adorent humblement ;


Accorde ta grâce divine aux fidèles qui t’implorent et qui, pour te posséder, sacrifient l’honneur et la vertu, l’estime des hommes et l’amour de la femme de leur cœur et des enfants de leur chair, et qui bravent le mépris d’eux-mêmes.



Or, maître souverain, toujours invincible, toi l’éternel victorieux, écoute nos prières ;


Bâtisseur de villes et destructeur d’Empires ;


Étoile polaire de la morale


Toi, qui pèses les consciences


Toi, qui dictes la loi aux nations et qui courbes sous ton joug les papes et les empereurs, écoute nos prières ;


Toi, qui enseignes au savant à falsifier la science, qui persuades la mère de vendre la virginité de son enfant et qui contrains l’homme libre à accepter l’esclavage de l’atelier, écoute nos prières Toi, qui achètes les arrêts du juge et les votes du député, écoute nos prières ;


Toi, qui produis des fleurs et des fruits inconnus à la nature ;


Qui sèmes les vices et les vertus


Qui engendres les arts et le luxe, écoute nos prières ;


Toi, qui prolonges les ans inutiles de l’oisif et qui abrèges les jours du travailleur, écoute nos prières ;