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VI

Lamentations de Job Rothschild, le capitaliste

Capital, mon Dieu et mon maître, pourquoi m’as-tu abandonné ? quelle faute ai-je donc commise pour que tu me précipites des hauteurs de la prospérité et m’écrases du poids de la dure pauvreté ?


N’ai-je pas vécu selon ta loi ? — mes actions n’ont-elles pas été droites et légales ?


Ai-je à me reprocher d’avoir jamais travaillé ? N’ai-je pas pris toutes les jouissances que permettaient mes millions et mes sens ? — N’ai-je pas tenu à la tâche nuit et jour, des hommes, des femmes et des enfants tant que leurs forces pouvaient aller et au-delà ? Leur ai-je jamais donné mieux qu’un salaire de famine ? Est-ce que jamais je me suis laissé toucher par la misère et le désespoir de mes ouvriers ?


Capital, mon Dieu, j’ai falsifié les marchandises que je vendais, sans me préoccuper de savoir si j’empoisonnais les consommateurs ; j’ai dépouillé de leurs capitaux les gogos qui se sont laissé prendre à mes prospectus.