l’homme rouge, irrité des lamentations continuelles du Saint-Père.
—A quoi bon l’infaillibilité ! continua en pleurant le Pape, si les vers sans yeux et sans oreilles dévorent demain la chair de l’Infaillible.
—Nous t’embaumerons, nous te pétrifierons afin que la face du premier Infaillible vive à jamais. — Pourquoi pleurer comme une femme, quand tu devrais agir comme un homme ? Ton corps est faible parce que tu as laissé les mécréants abattre ton esprit. L’homme ne vit pas seulement de pain et de viande. tu retrouveras ta vigueur si tu reconquiers ton pouvoir ; si tu deviens plus puissant que les Léon, les Sixte, les Grégoire ; si en ta présence les grands parmi les grands s’inclinent ; si tu te dresses, seul debout, au milieu de la multitude humaine à genoux, le front dans la poussière.
—Qui fera ce miracle ? répliqua le Pape galvanisé par l’ardente ambition du serviteur qui fut son maître.
—La foi !
—Elle est morte.
—Morte ? Nous la ressusciterons. Pendant mille ans nous avons garrotté l’humanité sur les chevalets ensanglantés ; de nouveau nous lui tenaillerons les chairs avec des fers rougis pour que la foi pénètre en son cœur. La foi est fille de la peur, nous ferons trembler les hommes.
—La force nous fait défaut.
—As-tu donc des yeux pour ne point voir ? Ne vois-tu pas que tout s’écroule ? Notre pouvoir est ébranlé,