Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/166

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avec leur croissance ; il finit par les considérer comme la chose la plus précieuse du Paradis.

Le ménage à trois fit sourire le pape.

—Sainte-Vierge, ma mère, dit Jésus, apporte-nous l’Esprit-Saint, mon père selon la chair.

—Et toi, Pigeon, qui a charge de l’esprit de la famille, conseille Pie IX.

—S’il ne faut que de l’esprit, j’en ai à 95 Gay-Lussac, pas de vin, mais divin, et du plus…

—Est-ce bientôt fini, interrompit le pape.

—Jamais ;

—je fais 60 calembours à l’heure, 1440 en vingt-quatre heures. Faut avoir le toupet d’un commissaire pour nier ma divinité ?

Marie savourait les paroles de son pigeon ; mais Pie IX maugréait entre ses dents :

—Quelle famille !

—le plus intelligent est un oison. Si par malheur les hommes savaient ce qui se passe au ciel… Quelle collection d’idiots !

—Pie IX me propose de retourner sur la terre, dit Jésus. Si jamais on m’y repince, je licencie mon sérail, je cesse de cascader et je me marie… Mais toi, tu n’as rien à reprocher aux hommes et encore moins aux femmes, tu pourrais satisfaire le pauvre vieux. Tu sais voler ; et au besoin tes ailes te tireront d’embarras.

—Coquin de Pie IX, t’es dans la dèche, et tu voudrais monter avec moi un mont-de-pi-été pour écorcher pi-eusement les croyants pi-eux ; tu veux donc me métamorphoser en Pie voleuse, vieux Pie-grièche ?

Et le sacré pigeon, tout fier, gonflait sa poitrine, étalait