Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/66

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s’entendre si fraternellement. Paul Bert s’asseyait à côté de Mgr Freppel, Gladstone serrait la main à Parnell, Clémenceau causait avec Ferry, et de Moltke discutait amicalement les chances d’une guerre de revanche avec Déroulède et Ranc.


La cause qui les réunissait imposait silence à leurs rancunes personnelles, à leurs divisions politiques et à leurs jalousies patriotiques.


Le légat du Pape prit la parole le premier.


- On gouverne les hommes en se servant tour à tour de la force brutale et de l’intelligence. La religion était, autrefois, la force magique qui dominait la conscience de l’homme; elle enseignait au travailleur à se soumettre docile­ment, à lâcher la proie pour l’ombre, à supporter les misères terrestres en rêvant de jouissances célestes. Mais le socialisme, l’esprit du mal des temps modernes, chasse la foi et s’établit dans le cœur des déshérités; il leur prêche qu’on ne doit pas reléguer le bonheur à l’autre monde; il leur annonce qu’il fera de la terre un paradis; il crie au salarié «On te vole! Allons, debout, réveille-toi» Il prépare les masses ouvrières, jadis si dociles, pour un soulè­vement général qui détraquera les sociétés civilisées, abolissant les classes privilégiées, supprimant la famille, enlevant aux riches leurs biens pour les donner aux pauvres, détruisant l’art et la religion, répandant sur le monde les ténèbres de la barbarie... Comment combattre l’ennemi de toute civilisation et de tout progrès? - Le prince de Bismarck, l’arbitre de l’Europe, le Nabuchodo­nosor