Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du terrain tous les jours. Et si nous, libres pen­seurs, que vous attaquez inconsidérément, nous ne vous soutenions en dessous mains, tout en ayant l’air de vous combattre pour amuser les badauds, si nous ne votions tous les ans le budget des Cultes, mais vous, et tous les curés, pas­teurs et rabbins de la sainte boutique, vous crèveriez de faim. Qu’on suspende les traitements et la foi s’éteint... Mais, parce que je suis libre penseur, parce que je me moque de Dieu et du Diable, parce que je ne crois qu’à moi et aux jouissances physiques et intellectuelles que je prends, c’est pour cela que je reconnais la nécessité d’une religion, qui, comme vous le dites, amuse l’imagi­nation de la bête humaine que l’on tond, il faut que les ouvriers croient que la misère est l’or qui achète le ciel et que le Bon Dieu leur accorde la pauvreté pour leur réserver le royaume des cieux en héritage. je suis un homme très religieux... pour les autres. Mais, sacredieu! pourquoi nous avoir fabriqué une religion si bêtement ridicule. Avec la meilleure volonté du monde, je ne puis avouer que je crois qu’un pigeon coucha avec une vierge et que de cette union, réprouvée par la morale et la physiologie, naquit un agneau qui se métamor­phosa en un juif circoncis.


- Votre religion ne s’accorde pas avec les règles de la grammaire, ajouta Ménard-Dorian, qui se pique de purisme. Un Dieu unique en trois personnes est condamné à d’éternels barbarismes, à des je pensons, je me mouchons, je me torchons!


- Messieurs, nous ne sommes pas ici pour discuter les articles de la foi catholique, s’interposa doucement