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Page:Lafenestre - Œuvres, 1889.djvu/234

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IDYLLES ET CHANSONS


D’un pied rude écartant la terre
Où son rêve n’a pas fleuri,
Michel-Ange, dans la lumière,
M’emporte auprès d’Alighieri ;

Du ciel les cohortes pressées
Font sonner harpes et clairons
Quand leurs tardives fiancées
Baisent enfin ces larges fronts.

Bientôt, sur le bras de Tibulle,
Je redescends, au jour naissant,
Vers le lac d’azur où Catulle
Crie en voyant couler son sang.

A deux pas, criblés de blessures,
Heine et Musset, fils des grands dieux,
Liés à des ombres impures,
Râlent un rire douloureux.

Voici Hugo, soleil et joie,
Le désir libre en plein midi,
Les seins nus battant dans la soie !
Je pleure avec Leopardi.

L’un me rend ces espoirs immenses
Qui resplendissent dans tes yeux,
L’autre a souffert de nos souffrances
Comme en souffriront nos neveux.