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LA FONTAINE.

endroits où il a mis la main ; ce sont ceux où le langage, sans être encore un parfait langage de théâtre, court et s’anime dans le récit ou la description, avec une rapidité dans les allures et une vivacité d’expressions qui ne sont pas le fait du médiocre Champmeslé. Dans ces passages, La Fontaine se souvient de Racine et de Molière, de Furetière aussi, au temps où Ion collaborait, dans la jeunesse, aux dépens de Chapelain. Le tour de style est celui des Plaideurs, avec plus de négligence, mais aussi une certaine bonhomie familière qui n’est point sans agrément.

Quant aux poésies diverses, vraiment diverses, car on y trouve de tout, depuis le pastiche marotique et la chanson salée jusqu’à la gazette rimée et l’épître didactique, c’est un fouillis des plus récréatifs. Comme ce sont, presque toutes, sauf les flagorneries officielles, des pièces spontanées et, pour le fond au moins, improvisées, il est rare qu’il n’en sorte pas quelque confidence ou quelque aveu bons à retenir. Le style en est aussi variable que les circonstances et les sujets et prend successivement tous les tons avec une aisance vraiment unique. C’est dans ce pêle-mêle qu’il faut chercher les opinions critiques de La Fontaine autant que dans ses préfaces ; c’est là qu’on trouve aussi les traces les plus vives de ses émotions, tendresses ou dépits, chagrins ou colères. La Fontaine en colère ? Cela est-il possible ? Il s’y mit au moins une fois, contre Lulli :