rin, Gaultier-Garguille, Gorju, Scaramouehe, si grossiers parfois, mais toujours si vivants !
En même temps que cette habileté scénique lui devenait plus familière, une autre supériorité plus rare et plus inattendue, grandissait rapidement en lui. Sans doute, dans les auteurs comiques, ses prédécesseurs, en dehors des types traditionnels, transmis par l’Antiquité à la Renaissance, on trouvait bien des essais de caractères plus actuels, plus vraisemblables, mieux étudiés et mieux définis. Malheureusement nous avions, là comme ailleurs, oublié notre libre élan au Moyen âge : l’admirable Pathelin n’avait point eu de successeurs. Déjà Molière, en donnant une telle importance au mouvement scénique, répondait à l’un des instincts les plus impérieux de notre race, celui d’agir et de voir agir. Il allait satisfaire mieux encore d’autres habitudes indigènes, en faisant de ce mouvement scénique la représentation railleuse des travers, vices et ridicules auxquels la nation est si sensible.
L’heure était bonne, nous l’avons dit, pour ce retour, sur le théâtre, comme partout, à la vérité, à la nature, à la simplicité. La Poésie, par Malherbe et son école, la Philosophie, par Gassendi et Descartes, avaient déjà combattu le combat de la Raison raisonnante contre l’Imagination débridée, de la Réalité vivante contre l’Idéal romanesque. L’enquête laborieuse, entreprise à l’Hôtel de Rambouillet par les purificateurs du langage, par le dilettantisme mondain et l’érudition grammaticale, était elle-même fondée sur la raison et, malgré les abus d’une préciosité subtile, elle livrait à la nouvelle génération un