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l’originalité.

des provinciaux et des campagnards (Du Ryer, les Vendanges de Suresne, 1635 ; Discret, Alizon, 1637 ; les Noces de Vaugirard, 1638 ; Gillet de la Teyssonnière, le Campagnard, 1657). En même temps, de libres poètes, comme Rotrou, dans ses tragi-comédies, pleines de beaux vers spirituels ou élégiaques, comme Cyrano de Bergerac, dans son Pédant joué et le désopilant Scarron, dans ses adaptations joyeuses des bouffonneries espagnoles, assouplissaient, animaient, coloriaient l’instrument rythmique et verbal avec une verve, une franchise, une abondance que l’on aurait tort d’oublier. Molière s’en est avantageusement plus d’une fois souvenu.

Néanmoins, dans toutes ces œuvres, les types comiques, hâtivement présentés, sous leurs traits les plus grossiers, avec des exagérations grotesques, n’y jouaient guère que des rôles anecdotiques, et reprenaient vite, en de banales répétitions, sans retouches sur nature, l’aspect conventionnel des anciens masques d’Italie. Ce personnel restreint de types simples et sommaires qu’avait déjà le plus souvent immortalisés le génie latin , par Plaute et Térence, pouvait-il suffire à une société aussi complexe que la société du Modèle:Xvii où s’agitaient tant d’apports religieux du Moyen âge mêlés à tant d’apports humanistes de la Renaissance ? Non, assurément. Il fallait en multiplier le nombre, en particulariser les traits, en fortifier la signification, par une étude plus intense et plus aiguë des modèles vivants, de façon à contenter les exigences des esprits cultivés par l’exactitude psychologique, en même temps que celles des cœurs naïfs par une véra-