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MOLIÈRE.

rang supérieur, l’huissier Loyal et le notaire Bonnefoy, suffisamment dignes de leur nom, et les avocats et procureurs, dansants et chantants, que consulte, sur son cas de polygamie, leur confrère Pourceaugnac.

Des érudits spécialistes, philosophes, médecins, jurisconsultes, ont, depuis longtemps, constaté la sûreté des informations avec laquelle Molière préparait et menait toutes ses attaques contre les faussetés et sottises qui compromettaient, alors comme aujourd’hui, l’autorité et le prestige des professions les plus respectables. Non seulement il n’a point exagéré les vices et travers qui étaient alors communs dans le corps médical et dans les coteries littéraires, mais, dans le langage qu’il prête à leurs représentants, il apporte une étonnante connaissance de leurs habitudes et de leurs procédés, de leur vocabulaire professionnel et technique. C’est avec le même scrupule qu’il recherche l’exactitude des formes et du langage dans le détail de ses fantaisies même les plus extravagantes. Un envoyé du Sultan à Paris, assistant à la cérémonie turque du Bourgois gentilhomme, « ne trouva que deux choses à redire, la première que le personnage du Muphti ne devait jamais sortir de la gravité qu’il avait affectée en entrant sur le théâtre, parce que les gambades et caracoles ne conviennent point à un Muphti, la deuxième, que la bastonnade que l’on donne à M. Jourdain ne se donnait pas de cette manière. Et il dit comme il faloit la lui donner ».

Un certain nombre des autres caractères communs à toutes les classes sociales dont Molière étudie l’action