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MOLIÈRE.

Scandal, affirment l’impulsion féconde donnée au théâtre anglais par le poète français.

À la même époque, en Allemagne, c’est, dans les classes supérieures et chez les lettrés, un enthousiasme plus complet et plus général encore. On l’y avait aussi traduit, de son vivant, dès 1670. Dès 1680, l’électeur de Saxe se faisait représenter, durant le Carnaval, la suite des œuvres principales, et, sous ses successeurs, Gottsched, en fondant l’école littéraire de Leipzig, se proposa ouvertement « par une habile méditation du théâtre français, de donner une littérature dramatique à son pays », Lessing, qui avait passé par l’école de Leipzig, « composait, dit Legrelle, d’après sa méthode et presque avec ses personnages, ses premières comédies…, et Elias Schegel lui empruntait l’idée et jusqu’aux bons mots de ses pièces…. On le jouait sur toutes les scènes, de Hambourg à Vienne.… C’est à ses pièces qu’ont recours tous les directeurs de théâtre dans l’embarras ». On sait, par Gœthe lui-même, ce que le grand poète de l’Allemagne devait à Molière. Nul n’a parlé de notre grand poète français avec plus d’admiration et d’émotion. « Molière est tellement grand que chaque fois qu’on le relit on se sent pris d’étonnement. Je lis chaque année quelques-unes de ses pièces, de même que je contemple de temps à autre des gravures d’après les grands maîtres italiens, car nous autres, petits, nous sommes incapables de concevoir d’aussi grandes choses. Il faut retourner sans cesse à la source pour rafraîchir la vue et la mémoire. » Depuis cette époque, et malgré les fureurs pédantes de Guillaume