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MOLIÈRE.

gentilshommes et grandes dames, dans les mascarades, cavalcades, courses de bagues, intermèdes incessants, où le roi lui-même s’attribuait souvent le rôle principal.

Dès le premier jour, les trois Fameuses Comédiennes ravirent tous les yeux et enflammèrent quelques cœurs, la Du Parc, en Printemps, la Molière en Siècle d’Or, la Béjart, en Diane, juchée sur la cime d’une montagne roulante, à côté de Molière en dieu Pan. Le lendemain 8 mai, la Molière reparut dans la nouvelle pièce de son mari, la Princesse d’Élide, et le surlendemain dans le Ballet du palais d’Alcine, avec la De Brie, en nymphe suivante de la fière Du Parc, l’irrésistible Fée. Nouveau succès de beauté pour elle, nouveau succès d’esprit et de gaîté pour l’auteur-acteur de la comédie pseudo-grecque où sa verve gauloise avait trouvé moyen de réchauffer la froideur pédantesque des ballets mythologiques par l’introduction de la bouffonnerie sarcastique et de la farce réaliste. On pouffa de rire en l’entendant, tour à tour, débiter ses drôleries sous la casaque d’un valet de chiens ou les grelots d’un fou de cour. « Un fou, ou soi-disant », écrivait le soir même un invité, « plus heureux, plus sage que trente docteurs qui se piquent d’être des Catons ;

« Et pour moi, je tiens qu’à la Cour
N’est pas fou qui plaît à son maître. »

Or Molière plaisait à son maître. En quelques jours, sur le canevas d’une comédie par Moreto, El Desden con el Desden fort applaudie à Madrid, il avait bâclé, en vers, les deux premiers actes et,