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la grande lutte.

Après les pédants littéraires, les grands seigneurs insolents, les hypocrites d’église ou de cour, le tour allait venir des grands docteurs orgueilleux et des hypocrites de la science. Les médecins vont passer sous ses étrivières. Déjà, dans Don Juan, il leur avait poussé la première botte : « Tout leur art est pure grimace. C’est une des plus grandes erreurs qui soit parmi les hommes ». Une farce, les Médecins (plus tard l’Amour médecin), jouée à la cour le 15 septembre, au Palais-Royal sept jours après, souleva de suite et partout un rire inextinguible. Sans doute, certaines plaisanteries sur la médecine et les médecins, depuis le Moyen âge, se répétaient sans cesse sur les tréteaux français, italiens, espagnols, mais générales, banales, peu variées. Cette fois c’étaient vraiment les sottises, ignorances, suffisances, avidités contemporaines saisies sur le vif, analysées et flagellées sans ménagements. Qui plus est, cette fois, on pouvait reconnaître les victimes soit à leurs défauts physiques, soit à leurs noms à peine déformés. Toutes, des personnalités illustres, officielles, les princes même de la science : Des Fougerais (Desfonandrès), Esprit (Bahys), Guénaut (Macroton), Yvelin (Fillerin), les trois derniers médecins de Monsieur, de la Reine et de Madame, de la pauvre Madame qui devait, quelques années après, si tristement et brusquement, mourir entre leurs mains ignorantes. On accusa le médecin de Molière, le Dr de Mauvillain, doyen de la Faculté, d’avoir fourni des notes sur ses confrères. On chuchotait tout bas que le roi encore n’était pas étranger à cette nouvelle campagne, lu jour que Molière lui présentait Mauvillain : « Voilà