Page:Laffitte - Essai sur l’espèce bovine.djvu/31

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une opinion qui semble avoir existé de temps immémorial à l’état de préjugé, et même au dernier siècle les éleveurs s’en préoccupèrent beaucoup. Il faut en excepter pourtant les éleveurs anglais Bakewell et d’autres non moins célèbres qui, en dépit de cette funeste influence, formèrent de si beaux types. Ce préjugé n’en a pas moins fait son chemin, et il a été presque unanimement accepté sans examen et comme axiome par les hygiénistes et les médecins de notre siècle. Dans le domaine de la zootechnie pourtant, des dissidences solidement motivées se produisaient de temps à autre en Angleterre et en France.

Il y a quelques années à peine, M. Sanson, à propos d’une discussion relative aux dangers des mariages consanguins, produisit les faits acquis à la zootechnie en leur donnant toute leur signification physiologique. Le fait capital imputé à la consanguinité c’était l’infécondité ; ce fait a été victorieusement réfuté par M. Sanson, par la série d’observations qu’il a citées et par l’exemple de ce qui se passe dans la nature des animaux qui font deux ou trois petits, ou chez nos animaux domestiques dont il a raconté les améliorations obtenues surtout par la consanguinité.

On avait dit aussi que la consanguinité affaiblit la constitution, qu’elle produit des vices organiques, des anomalies, la scrofule, le rachitisme, l’albinisme, les cachexies, etc…, la surdi-mutité et le sexi-digitisme. Mais des faits zootechniques de la plus haute importance prouvent bien que ces effets ne sont point le fait de la consanguinité ; tels sont l’histoire de la famille ovine de Mauchamp, les exploitations bovines du Morbihan où l’on a l’habitude d’employer, pour la reproduction, des taureaux de la même famille, c’est-à-dire le frère pour la sœur, le fils