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et encore du Maréchal Niel. Une seule, La France, qui était rose, me semblait bien nommée, et j’aimais aussi le Souvenir de la Malmaison. On dédaignait un peu les roses du Bengale qui, dès midi, laissaient choir sur la haie, leur corolle simple, déclose du matin ; les roses mousse semblaient au contraire ne pouvoir écarter les vertes côtes des sépales et sentaient fort sans s’épanouir ; on les laissait se faner sur leur tige. On coupait de préférence les fleurs de quelques rosiers blancs touffus de feuillage ; ma tante en envoyait chaque semaine au cimetière où reposait, outre son mari, la fille morte jeune qu’elle avait si longtemps pleurée. Ma mère m’avait parlé de cette cousine, aux noces et à l’enterrement de laquelle elle se rappelait, tout enfant, avoir assisté. Je savais que sa chambre, non loin de la mienne, demeurait intacte ; un jour, j’y étais entré parce que la porte en était ouverte et que ma tante s’y trouvait. Un après-midi, ma tante m’y emmena de nouveau pour que je fisse choix d’un livre durant qu’elle