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mettaient à notre porte une couronne bourdonnante dont j’étais apeuré ; les vignes s’alourdissaient par le bas, et les grappes bleues écartaient les feuilles, ainsi que les poussins que leur mère ne peut plus dérober sous ses ailes. On préparait les vaisseaux vinaires ; le réfectoire des vendangeurs, frais lavé, prenait l’air ; on restaurait le pressoir, et le cuvier ouvert répandait dans la cour sa senteur aigre. Derrière la maison, les rosiers recommençaient de fleurir ; leurs roses moins légères que celles de Mai, ployaient les tiges comme des fruits dont elles prenaient la couleur ; des cétoines dormaient au cœur de certaines et remuaient de lentes pattes qui froissaient le nid soyeux. Elles naissaient à profusion, et leur parfum stagnait sur l’allée au long de laquelle elles s’ouvraient ; elles avaient des noms étranges qui ne leur convenaient point, mais qui faisaient d’elles des personnes dont on s’entretenait. Segonde s’extasiait sur l’abondance de la Gloire de Dijon, parlait de Mme Bérard comme d’une amie,