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cheminée des cuisines suivait le mur à cet endroit et répandait un peu de chaleur, mais Bereng, encore qu’il fût ainsi favorisé, ne consentait à se dévêtir que sur l’ordre réitéré du maître. Il le faisait alors dans une grande précipitation, et sautait sur sa couche où il s’accroupissait, avec un claquement de dents que l’on entendait malgré le soin qu’il prenait d’appuyer la mâchoire sur ses genoux serrés. Le maître revenu le forçait à se glisser entre les draps, sans pouvoir obtenir qu’il étendît ses jambes frileusement ramenées contre le corps. Les lampes éteintes, M. Laurin rentré dans l’alcôve, Bereng tirait à soi veste et culotte et les disposait sur son lit ; tout à côté, celui de Méjean se gonflait d’un bel édredon rouge.

Quelques bruits venaient du dehors ; pas sonores dans la rue, chanson à mi-voix d’un passant, longs miaulements de chats en lutte sournoise, mais un grand calme s’étendait le plus souvent autour de nous, et la respiration même du dortoir invitait à la somno-