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à mi-voix, le matin, jusqu’à ce que les plus familiers en fissent confidence au maître, qui en prenait prétexte pour nous prêcher la bonne tenue. Les soirs d’hiver, lorsqu’on pouvait obtenir de sortir, on voyait la fenêtre du cabinet éclairée, et une grande ombre penchée s’y dessiner ; en passant devant elle, les rangs marchaient doucement et chacun parlait plus bas.

Un jour, le bruit se répandit dans la cour que le maître des moyens venait d’être appelé lui-même chez le Directeur, et des groupes se formèrent pour l’en voir sortir. Mais la cloche sonna trop tôt, le Surveillant prit la place du maître absent. Lorsque celui-ci revint, une grande rougeur couvrait sa face, et il marcha longtemps devant la chaire. Il s’arrêta pour écrire nerveusement une lettre qu’il dut recommencer. Ses élèves, menés de façon brusque et despotique, riaient entre eux et bourdonnaient en chœur pour témoigner une hostilité dont il s’irritait encore. Nous l’entendîmes crier après l’un d’eux