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lut bien lire ma copie. Le lendemain, le professeur vint en étude et, constatant que nos bancs se touchaient, il sourit et signala au maître les analogies constatées dans nos devoirs. Je fus accusé d’avoir copié, Rupert devint très rouge et ne dit pas un mot ; on crut qu’il craignait d’être puni pour m’avoir aidé… Le dimanche suivant, je n’allai pas à La Grangère.

Je suivis comme les autres la promenade. La route était poudreuse, sans arbre, le soleil chaud n’y laissait d’ombre que celle d’un talus. Je m’appliquais à marcher dans cette étroite bande foncée, je n’étais pas triste et ne regrettais rien. Une sorte d’ivresse emplissait mon cœur, et je ne l’aurais point échangée contre le doux repos qu’il m’eût été possible de goûter dans le même temps à La Grangère. Autour de moi, mes camarades allaient d’un pas lourd, leur mouchoir en couvre-nuque. Ils cherchaient à s’attarder pour déjouer la surveillance, et dérober dans les champs les cerises ou les fruits verts qui