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au-lait » par lequel on le désigna beaucoup ensuite. Il avait la passion du dessin au point de négliger ses devoirs pour crayonner en étude ; on trouvait des croquis jusqu’en marge de ses cahiers, et toutes les images de son Histoire étaient passées aux crayons de couleur. Il s’employait à cela durant les récréations, et ce fut la seule chose que je vis jamais l’intéresser. Il devenait alors très beau, parce que son regard s’éveillait, et qu’un sourire animait sa bouche ; sa lèvre supérieure était d’un modelé si pur que je la comparais à deux ailes d’ange, et que cela me paraissait être le signe d’une sagesse que je ne possédais point. Un après-midi, il resta en étude après les autres et traça ma caricature au tableau : j’y étais de profil ; l’œil, cependant, s’y voyait de face avec une toute petite prunelle rejetée dans le coin. On me reconnut si bien à la rentrée, que Courtot se hâta d’aller mettre au-dessous du chef-d’œuvre : Portrait de Gilles et de signer du nom de l’auteur avec le pseudonyme qu’on lui avait donné ; M. Laurin qui rentrait