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fuyait. Le troisième jour, au matin, il fut malade en étude et remonta se coucher ; le soir, il avait laissé le dortoir pour l’Infirmerie. Mes remords devinrent si vifs que je ne pouvais guère penser à autre chose qu’à ma conduite envers Charlot. Je profitai du tumulte, au début d’une récréation de quatre heures, pour gagner l’Infirmerie. Le cœur battant, j’en poussai la porte ; au bruit que je fis, quelque chose de noir bondit de la couche et sortit entre mes jambes. « C’est la chatte que tu fais sauver, » me dit le petit malade, et il me pria de ne pas refermer afin qu’elle pût revenir. Il ne souffrait pas, mais il ressentait une grande fatigue qui lui donnait l’impression d’être sans os. Il s’occupait à dessiner aux crayons de couleur des paysages ; il voulut m’en donner un ; le soleil qui s’y trouvait représenté, orné de ses rayons, ressemblait à un gros infusoire. Je lui appris que je m’étais échappé de la cour pour lui rendre visite. Il m’écoutait en souriant, mais semblait peu touché de l’amitié