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dant, et d’autres naissaient autour d’elles, il y en avait une plus brillante dont j’aurais voulu savoir le nom. Ma mère m’avait appris à reconnaître le Petit et le Grand chariot, Orion et la Pléiade, mais elles devaient passer plus haut dans la nue, car je ne les apercevais pas. Je me contentais de mon étoile ; elle paraissait me voir et me dire : c’est pour toi que je luis. En clignant un peu, il semblait qu’elle tendît jusqu’à mes paupières un de ses rayons devenu visible et que je l’allais saisir avec la main. Je la baptisai « Petite abeille » et roulais ma tête à droite et à gauche sur le traversin pour croire que c’était elle qui dansait. J’en vins à lui conter mes peines, et à lui donner des commissions pour le Bon Dieu. Mais, peu à peu, elle disparut du cadre de la fenêtre, et celles qui l’y remplacèrent ne me parurent pas aussi aimables.

Des parfums entraient avec le vent ; j’y reconnaissais l’arome des tilleuls fleuris dans toute la ville, ou celui, plus aigu, d’un jardin couvert de chèvrefeuilles, qui s’étendait de