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voisin fut visible. Durant la classe de l’après-midi, j’affectai un grand besoin de sortir, et, l’autorisation obtenue, je courus vers la brèche où nul regard ne pouvait me suivre. Ce fut presque sur la pointe des pieds que je m’en approchai et me penchai sur l’échancrure. Une allée passait devant moi et se perdait sous de lourds ombrages ; des arbres que je ne connaissais pas semblaient me bannir du lent mouvement de leurs palmes ; un sapin montait et ses branches parallèles faisaient le geste d’écarter, à droite, à gauche, d’invisibles présences ; à ses pieds, bordant l’allée, des corolles plus grosses qu’un oiseau s’élançaient parmi des feuilles en lame de sabre… Soudain, je crus voir, dans le fond, une forme blanche qui venait, se baissant de çà, de là, comme pour obéir au rythme d’une danse ; j’en vins à distinguer une dame en robe claire et qui cueillait des fleurs. Je la laissai s’approcher jusqu’à ce qu’en se relevant une fois encore, elle m’aperçût. Elle tenait à plein bras les longues tiges couchées et me sourit ! je