Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/260

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répétait sans fin des recommandations qu’elle interrompait à mon arrivée, pour s’apitoyer muettement sur moi. Des gens entraient qu’on faisait monter sans rien dire. Mlle Aurélie parut, et sa vue accrut les pleurs de ma tante qui la tint embrassée. Ma mère qui adjurait qu’on la laissât en paix, devait à chaque instant se laisser prendre les mains ou baiser les joues. Elle se tut enfin, comme résignée à ce supplice nouveau ; les gens s’asseyaient en cercle, mais pour peu qu’il cessât d’en venir, elle recommençait de se blâmer à voix haute et de s’adresser à mon père comme s’il eût été vivant. M. le Curé et le Médecin étaient arrivés des premiers et ensemble ; et ma tante avait dû longuement conférer avec eux dans la chambre mortuaire. Vers le soir, la veillée s’organisa. Ma mère refusa de prendre du repos et ma tante de la laisser seule. Mlle Aurélie demeura et encore une personne amie. Pour moi, je n’aurais nulle part pu me sentir tranquille, et je suppliai qu’on ne m’éloignât pas. Il en alla