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qu’un élytre de hanneton. Je traversais cet endroit d’un pied sûr, pour gagner une autre pièce dans laquelle, aux jours de la récolte, mangeaient les vendangeurs, et qui, vide toute l’année, gardait sur ses bancs longs, ses tables grasses, l’odeur vineuse des repas paysans. Cette salle ouvrait de plain-pied sur la cour.

Mais mon terrain d’élection était le jardin, avec ses tournantes allées bordées de buis, ses massifs panachés, l’été, de reines-marguerites et de roses, de géraniums et d’hortensias, de véroniques et d’héliotropes. J’y jouais, aux grandes vacances, à faire des pâtés de sable, à créer de nouveaux et minuscules parterres traversés de ruisseaux, au bord desquels feuilles et fleurs piquées prenaient la splendeur des végétations tropicales. J’avais là deux amies ; l’une familière, une vielleuse de plâtre peint, en jupons rouges et paniers bleus, l’air modeste, à la fois, et sensible, et posée sur un socle bas ; l’autre, plus noble, une muse Empire, réfugiée sous