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de ramasser le papier sous les tables. Cela lui permettait d’errer à quatre pattes entre nos bancs et de se rapprocher du poêle sous le prétexte d’y porter les détritus. Mais le maître devait encore veiller à ce que nul d’entre nous n’encourût le risque de brûlures : il chassait Calvat qui découvrait alors que la boîte à eau placée sur le couvercle était vide, et s’offrait à l’aller remplir à la fontaine afin de tenter, au retour, une station près du foyer.

Entre le poêle et la chaire, se trouvait une table réservée aux élèves que le maître tenait à ne pas perdre de vue. L’élève qui l’occupait en profitait pour faire griller, chaque matin, un morceau de pain gardé du repas de la veille, afin d’en agrémenter son premier déjeuner. Il paraissait s’absorber dans une lecture et tendait derrière lui, vers le fourneau rougi, son bras armé d’une règle au bout de laquelle la tranche de pain était fixée ; le maître ne pouvait rien voir, et l’Étude habituée ne prêtait plus attention à