Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/156

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Quand le voile fut bien ourlé,
Loin de Thulé,
Il rama fort sur les mers grises,
Vers le soleil qui s’agonise,
Féerique Église !
Il ululait :

« Soleil-crevant, encore un jour,
Vous avez tendu votre phare
Aux holocaustes vivipares,
Du culte qu’ils nomment l’Amour.

« Et comme, devant la nuit fauve,
Vous vous sentez défaillir,
D’un dernier flot d’un sang martyr
Vous lavez le seuil de l’Alcôve !

« Soleil ! Soleil ! moi je descends
Vers vos navrants palais polaires,
Dorloter dans ce Saint-Suaire
Votre cœur bien en sang,
En le berçant ! »