Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/20

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Et moi, combien de jours me reste-t-il à vivre ?
Et je me jette à terre, et je crie et frémis,
Devant les siècles d’or pour jamais endormis
Dans le néant sans cœur dont nul Dieu ne délivre !

Et voici que j’entends, dans la paix de la nuit,
Un pas sonore, un chant mélancolique et bête
D’ouvrier ivre-mort qui revient de la fête
Et regagne au hasard quelque ignoble réduit.

Oh ! la vie est trop triste, incurablement triste !
Aux fêtes d’ici-bas j’ai toujours sangloté :
« Vanité, vanité, tout n’est que vanité ! »
— Puis je songeais : où sont les cendres du Psalmiste ?