Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/222

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Blêmes d’avoir gorgé de lunaires luxures
Là-bas, ces gais dauphins aux geysers de mercure.

Oui, c’est l’automne incantatoire et permanent
Sans thermomètre, embaumant mers et continents,
Étangs aveugles, lacs ophtalmiques, fontaines
De Léthé, cendres d’air, déserts de porcelaine,
Oasis, solfatares, cratères éteints,
Arctiques sierras, cataractes l’air en zinc,
Haux-plateaux crayeux, carrières abandonnées,
Nécropoles moins vieilles que leurs graminées,
Et des dolmens par caravanes, — et tout très
Ravi d’avoir fait son temps, de rêver au frais.

Salut, lointains crapauds ridés, en sentinelles
Sur les pics, claquant des dents à ces tourterelles
Jeunes qu’intriguent vos airs ! Salut, cétacés
Lumineux ! et vous, beaux comme des cuirassés,
Cygnes d’antan, nobles témoins des cataclysmes ;
Et vous, paons blancs cabrés en aurores de prismes ;
Et vous, Fœtus voûtés, glabres contemporains
Des Sphinx brouteurs d’ennuis aux moustaches d’airain
Qui, dans le clapotis des grottes basaltiques,
Ruminez l’Enfin ! comme une immortelle chique !