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L’IMPOSSIBLE


Je puis mourir ce soir ! Averses, vents, soleil
Distribueront partout mon cœur, mes nerfs, mes moelles.
Tout sera dit pour moi ! Ni rêve, ni réveil.
Je n’aurai pas été là-bas, dans les étoiles !

En tous sens, je le sais, sur ces mondes lointains,
Pèlerins comme nous des pâles solitudes,
Dans la douceur des nuits tendant vers nous les mains,
Des Humanités sœurs rêvent par multitudes !

Oui ! des frères partout ! (Je le sais, je le sais !)
Ils sont seuls comme nous. — Palpitants de tristesse,
La nuit, ils nous font signe ! Ah ! n’irons-nous, jamais ?
On se consolerait dans la grande détresse !